Dans la tanière du tigre

Dans la tanière du tigre - Nicolas Idier - Éditions Stock

Nicolas Idier

 

Arundhati avait eu raison de me mettre en garde: "Tu ne comprendras rien si tu ne t'implique pas."

Dans le brasier de l'Inde d'aujourd'hui, l'auteur poursuit une énigme: qu'est-ce qui nous pousse en dehors de nous-mêmes, par-delà la grande muraille de nos vies confortables, Après de longues années à Pékin, le voilà à Delhi; toujours plus avant dans la tanière du tigre.

De son amitié nouée avec l'écrivaine et militante Arundhati Roy naît une rencontre intense avec un pays complexe et magnifique, dévoré par les flammes. Car c'est un incendie qui s'étend de ce côté du monde - un incendie qui porte une lumière sauvage dans l'ombre de la tanière.

 

LE MOT DE L'ÉDITEUR

 

«Pendant que nous buvons le vin blanc acidulé des vignobles de Nashik, je récite ces deux vers du poète et rabbin Yehuda Halevi: «Mon cœur est en Orient et moi au bout de l’Occident.» Je lui raconte la Chine, le Japon, l’Asie du Sud-Est, une histoire familiale liée au passé colonial français, mon grand-père magistrat en Indochine, l’enfance de ma mère sur la baie d’Ha Long, mes études chinoises, mon recrutement surprise par le quai d’Orsay, ces années à Pékin à me tenir le plus loin possible d’une politique verrouillée par le maoïsme – et ce n’était que maintenant que je m’apprêtais à résoudre l’équation: j’avais été longtemps ce «jeune homme bien élevé» mais j’avais besoin du danger pour me sentir vivant. Je me surprends à me comprendre moi-même, à enfin saisir le mouvement qui me fait et me défait.
Je réfute cette consigne de prudence suivant laquelle un diplomate ne doit pas s’identifier par trop avec les heurs et malheurs du pays où il est accrédité. Je pense à l’inverse : dans le grand gouvernement des sensations et de l’inconscient, la seule manière de comprendre est de plonger dans les profondeurs. De courir tous les risques.»

Dans les rues étouffantes de Delhi, Ahmedabad et Bombay, dans les villages reculés du Bengale ou dans le désert du Thar, l’auteur poursuit des énigmes: qu’est-ce qui pousse un jeune homme bien élevé à partir toujours plus loin de là où il est né, toujours plus avant dans la tanière du tigre? Pourquoi entraîner sa famille dans une aventure dont on ignore l’issue? Comment vivre dans la violence assourdissante du monde, et continuer d’aimer?

De son amitié nouée avec l’écrivain et militante Arundhati Roy naissent des dialogues à bâtons rompus, des rencontres intenses avec la jeunesse engagée d’un pays, des souvenirs d’une autre jeunesse, brûlante et insomniaque, dans les nuits de Pékin.