Tout d’abord, Pia Petersen... c’est un style !

BLUE MOON
Marnie
Mars 2012

Tout d’abord, Pia Petersen... c’est un style! Soit nous sommes sensibles à cet étonnant et étrange univers, soit nous restons à la porte. Au centre de ses thèmes de prédilection: la littérature et son influence sur notre existence et nos choix de vie, mais aussi l’argent qui endort le peuple, classes sociales toutes confondues, et encore: où se place la morale dans tout cela? Vaste programme... et récit glaçant, sans dialogue, raconté de façon lapidaire, qui malgré quelques pointes d’humour et de dérision, est profondément pessimiste.

Seul le titre (et la dernière page) nous apporte la raison du grain de sable... qui va entraîner dans la mort toute une galerie personnages. C’est une fable totalement assumée que nous raconte Pia Petersen, en créant en quelques lignes (il y a en fait peu de paragraphes...) des portraits sans nuance mais qui ont chacun leur place dans ce raisonnement philosophique: l’exploiteur, l’obéissant qui se veut soudain redresseur de torts, le soldat sans âme, la rêveuse romantique, les robin des bois qui ont tous leur raison pour s’opposer à la société, l’agnostique etc etc...

Dans sa quête de faire le bien, Hugo, notre héros tombe bien évidemment dans le piège d’ignorer que la frontière entre le bien et le mal représente pourtant la faiblesse fondamentale de cette soif de justice. A ce questionnement moral, s’ajoute aussi la présence d’un chien qui soudain introduit la notion de tendresse et donc de sentiment dans son existence. Cerise sur le gâteau, le hasard met son propre grain de sable dans cette histoire.

Malgré tous les efforts de notre héros qui essaye de ramener l’intrigue à une lutte contre le bien et le mal, le dernier tiers du livre constitue une sorte de huis-clos ou chaque réaction des uns et des autres va entraîner le pire, comme une sorte de théorie des dominos, dans une sorte de chronique d’une catastrophe annoncée. On ne peut s’empêcher de penser à la fameuse fable du petit oiseau (qui existe dans la plupart des langues) : ce ne sont pas toujours vos ennemis qui vous mettent dans les ennuis et ce ne sont pas toujours vos amis qui vous en tirent.

Pia Petersen n’est pas philosophe pour rien... Elle décrit aussi un monde où la lecture d’un livre est la réponse à l’endormissement des masses, mais cela provoque paradoxalement des réactions tragiques en chaîne...

De quoi se poser de vraies questions longtemps après avoir refermé ce livre !