Besoin d’amour

CORSICA
Robert Colonna d'Istria
Octobre 2005

Pia Petersen, dont nous avions salué Parfois il discutait avec Dieu, raconte dans son dernier roman une histoire d’amour. Une femme est seule, se sent inutile, laide, laissée pour compte, et sa vie, par un enchantement qu’elle construit, se remplit de la présence d’un homme. Elle en parle à ses camarades de bureau, elle témoigne à l’homme des attentions de chaque instant. Elle lui écrit. Sa vie prend un sens. Et l’homme, qui a une existence professionnelle et sociale satisfaisante, mais qui s’ennuie, est transformé de se savoir aimé.

C’est une histoire parfaite, idéale, parce qu’elle est entièrement rêvée. Une fenêtre au hasard est le livre de la solitude et de l’amour. De la solitude angoissante, et de l’amour impossible. Il est le livre de nos attentes et de nos malheurs, de nos espérances, et de la vie ordinaire.

Cette pauvre fille, qu’obsède la fenêtre en face de son appartement, et celui qui y habite, enfermée en elle, cette pauvre fille, c’est nous. Et l’homme qu’elle traque et qui finit par l’aimer, mais qui ne sait pas le lui dire, c’est encore nous. Parce que la vie, notre vie, est cet inextricable mélange d’isolement et d’amour.

C’est ce qu’avec une admirable économie de moyens – c’est un compliment -, ce roman met en scène. Il raconte également que ce qu’on ne sait pas dire, il arrive qu’on sache parfois l’écrire.

C’est pour cela, peut-être, qu’il y a des écrivains : par besoin d’amour. Et même d’amour impossible. Pia Petersen est un véritable écrivain.