Une rage éperdue, un espoir absolu, un amour de l’être humain infini

DES LIVRES AUX LÈVRES
Brice Homs
Juillet 2019

Hollywood boulevard. Hollywood comme le concentré, le parangon et le flagship de notre société malade de ses mirages. C’est là que Luna, jeune Hacktiviste, rêve de faire converger les pauvres, les déclassés, les sans-abris, toutes ces silhouettes fantomatiques qui glissent comme des ombres, omniprésentes, dans les rues de Skid row, de San Diego, de partout. Les oubliés, les invisibles. Ils sont si nombreux que s’ils se regroupaient pour une grande marche qui ne s’arrêtera que quand ils auront obtenu leur dû, celui de tout être humain, le droit de vivre dignement, (soit en terme hollywoodien leur part du gâteau) … rien ne pourrait les arrêter.

Changer le monde. Changer de paradigme. Une fois pour toute. Une fois pour tous. Alors la veille des Oscars, ils commencent à se rassembler… Pour un grand roman, écrit d’une plume nerveuse, urgente, faite de phrases courtes et cinglantes. Un roman au présent qui court, multiplie les angles, les personnages, les points de vue avec toujours une capacité de description et une acuité si juste qu’elle en est presque douloureuse. Elle est douloureuse. Et magnifique. Car le roman est traversé d’une rage éperdue, d’un espoir absolu, d’un amour de l’être humain infini.

On restera longtemps hanté par ces personnages aux destins brisés qui font acte de vie dans le chaos. Un roman qui pourrait s’appeler boulevard du crépuscule (Sunset boulevard) mais qui brûle comme une aube incandescente.

Il y a du Steinbeck dans cette colère et dans l’humanité bouleversante qui l’irrigue. Et du Ridley Scott dans la mise en scène surmultipliée de cette fresque à la modernité visionnaire. Steinbeck meets Ridley Scott donc.

Et l’écriture brillante de Pia Petersen en plus. Chapeau !