Pia Petersen, Mon Nom est Dieu

GOLIAS HEBDO
Mathylde
Avril 2014

Lorsque Dieu lui demanda d’écrire sa biographie, elle dit non, fermement non, pas question. Lorsque Dieu lui ordonna d’écrire sa biographie, elle lui demanda de quel droit il lui donnait des ordres. Elle songea que s’il avait été Dieu, ça n’aurait pas été la bonne réponse, que s’il existait et qu’il voulait quelque chose, il avait sûrement le pouvoir de l’obtenir.

Morgane, jeune journaliste américaine, est rompue aux interviews. Réaliser un entretien avec une sommité du monde de la mode, un footballeur ou un trader?
Aucun problème, il suffit de s’adapter.

Devant couvrir l’élection du Père Noël officiel, organisée par Disney, la jeune femme croise un étrange candidat refusant d’endosser le manteau rouge… L’homme se présente comme Dieu en personne! Sous les traits d’un SDF quelque peu bougon et inquiétant, il formule une demande singulière: il a choisi cette athée pour retracer son existence et réfléchir sur la raison qui pousse les hommes à se détourner peu à peu de lui.

Morgane prend d’abord en pitié ce drôle de bonhomme, aux allures de personnages de Beckett, et accepte de l’aider. Seulement Dieu est en colère et n’accepte pas ce que les Hommes ont fait de lui en le réduisant à un «être asexué». Car Dieu finalement se comporte plutôt comme un homme sur bien des plans: il prend des coups de soleil, discute avec des vendeurs de literie et n’aime pas trop que les forces de l’ordre ne le prennent pas au sérieux…

Tandis que Jansen, fondateur d’une secte, s’intéresse de très près au phénomène, Morgane finit par se demander si l’homme qu’elle interroge n’est pas effectivement Dieu.

Entre fiction et vérité, doute et illusions, le lecteur oscille, à l’instar de la journaliste, entre deux possibilités qui bousculent ses certitudes.

Mon nom est Dieu est un roman hétéroclite, burlesque, entre le sérieux des thèmes abordés et l’humour de l’écrivain. Que l’on apprécie le style de Pia Petersen ou que l’on y soit moins sensible, la romancière réussit à surprendre le lecteur croyant, agnostique ou athée, en jouant avec les codes de notre civilisation, le poussant à remettre en question ses certitudes face aux contradictions de la société actuelle.