Un écrivain
en Provence Alpes Côte d’Azur

LES ÉCHOS
Brigitte Challiol
Décembre 2005

Pia Petersen, une vocation qui s’épanouit dans le sud

L’installation à Marseille, il y a une dizaine d’années, de cette Danoise de 44 ans, relève d’un véritable choix de société.

Je n’ai jamais pu m’adapter à un monde où l’on doit rentrer dans un moule. J’aime les variations, les approximations et en France on a encore cette liberté.

Lorsqu’elle quitte son appartement, Pia Petersen aime se promener dans la ville, traverser des situations noires, même si elle a souvent du mal à rester zen devant les incivilités permanentes… Elle n’en apprécie que plus son choix de vie, affirmé dès l’âge de 7 ans sur une carte postale envoyée à son père qui vivait à Paris.

Je voulais être écrivain pour libérer le verbe, se souvient-elle avec amusement mais aussi une visible fierté.

Car, depuis quelques années, l’écriture est devenu le métier auquel elle consacre tout son temps, un absolu qu’elle ne peut partager avec aucun autre. Derrière un physique tout en douceur (petite, plutôt blonde avec ses yeux vairons), Pia Petersen cache une volonté de fer qui l’a poussée à quitter le Danemark dès 16 ans pour aller tenter sa chance en Grèce. Elle y vit de petits boulots, fait des allers-retours avec son pays, avant de venir à Paris où elle apprend le français et réussit l’examen pour entrer en philo à la Sorbonne.

Je n’y connaissais rien mais j’avais des affinités avec ce type de préoccupations, se souvient-elle.

Elle voyage beaucoup, finit sa maîtrise à Aix-en-Provence et ouvre avec des amis un café-librairie, Le Roi Lire, à Marseille. Une expérience enrichissante mais très prenante et économiquement difficile qui s’arrêtera au bout de trois ans, car Pia veut enfin commencer à écrire.

J’ai multiplié les petits boulots pour différer l’échéance car il fallait que je me sente prête, explique-t-elle.

Le jeu de la facilité, son premier roman, publié chez Autres Temps, est de son propre aveu un peu lourd et indigeste, mais dans un premier livre on a envie de tout mettre.

Sa rencontre avec Hubert Nyssen, le patron de la maison d‘édition Actes Sud, à Arles, va changer la donne.

Mon premier roman publié chez eux m’a vraiment donné le droit d’être ce que j’étais, un écrivain à part entière.

Après Parfois il discutait avec Dieu paru en mars 2004, Pia Petersen a publié cet été Une fenêtre au hasard, deux romans très différents mais dans lesquels transparaissent ses interrogations sur les problèmes générés par la société occidentale : solitude, exclusion, mal-être.

J’évoque des situations glauques mais toujours avec un formidable amour de la vie et l’envie de changer les choses.