Puisse la pensée gagner...
en lisant ce livre vous le saurez

LE MAGCHIC
Henri Delorme
Mars 2013

Gary Montaigu un écrivain américain d'origine française vit à New York... la ville où l'air chaud sent le goudron et donne les lèvres salées.... Il a tout pour lui... à l'apogée de la carrière , du haut de sa renommée, il peut contempler ses lecteurs qui se roulent à ses pieds... pensez donc l'International Book Prize n'est pas donné au premier venu et c'est Gary....

Notre Gary a l'épouse qu'il lui faut... Ruth est très/trop, attentive, attentionnée jusqu'à l'étouffement...Madame est très marques, cultivée jusqu'il faut pour mémoriser les numéros de téléphone des peoples pour les vernissages et les mondanités.

Quelle mouche l'a piquée de pousser ce brave Gary à accepter la proposition d'un producteur de TV... Ce n'est pas encore sorti en France.... ça viendra... L'Emission Un écrivain, un vrai part sur le concept de la téléréalité: montrer la création en direct.

Je connaissais la démocratie participative mais la littérature participative... non... comme si le choix binaire classique TV ou livre allait exploser au profit d'un J'aime (positif) ou J'aime pas (négatif) un univers télévisuel Face Bookien??... Mais le pire ou le meilleur.. .enfin vous verrez c'est que le lecteur intervient dans l'histoire en donnant son avis ,en influant sur l'histoire,sans lire le livre... pour la bonne raison c'est qu'elle est immédiatement transposée en feuilleton TV, chapitre par chapitre.

Mais que se passe-t-il quand l’écrivain doit anticiper les désirs des lecteurs? Et quelle est en fait la fonction d’un écrivain? Gary est à l’écoute, il essaie de faire au mieux, de satisfaire tout le monde. Écrivain facile, diront les uns, gâchis littéraire, diront les autres. Pourtant on peut le comprendre. Quel écrivain ne rêve pas d’un lectorat aussi large que possible, d’un monde peuplé de fous de littérature, de philosophie, de connaissance? Les écrivains rêvent de changer le monde. Mais à quel prix?

Et notre héros ne s'épanouit pas,c'est le moins qu'on puisse dire,il rêve d'oxygène.... pour jouer les hommes de l'air en trompant madame. La reflexion de Gary sur lui même est intéressante car elle pourrait mutatis mutandis se transposer à beaucoup d'hommes de spectacle ou de politique: Où sont nos idéaux de jeunesse,qu'avons nous fait pour les conserver?
On dit que le mieux est l'ennemi du bien mais fallait il rentrer dans ce jeu sordide et démagogique de vulgariser la lecture au point de la rendre vulgaire en la télévisant?

Pia Petersen démonte le mécanisme de ce bras de fer entre la TV et le livre, ce média qui rentre dans chaque foyer à travers un écran, dans une bouillie consensuelle qui dissout le divertissement à tout prix dans la médiocrité.

Un roman haletant structuré autour de deux blocs narratifs, conduit le lecteur vers une fin qui n'est pas celle que certains croient voir et où les vainqueurs ne sont pas les favoris.

Sur un média comme Facebook ce billet de lecture est plus qu'utile.... il est le fruit de l'interrogation de l'auteure... quelle est la place de la création dans une société outrageusement interractive??... faut il plaire à tout prix, séduire par tous moyens???

Pia a fait un beau réquisitoire contre le storystelling qui masque ou occulte les vrais engagements... un roman qui interroge... et gagne ma sympathie... à lire et relire et à faire lire...

Puisse la pensée gagner... en le lisant vous le saurez.

Format 11,5x21,7 (format chic pour sac à main ou attaché case)