Un texte fort, percutant, bouleversant,
à découvrir absolument.

Un texte fort, percutant, bouleversant, à découvrir absolument.

Cette collection (Les affranchis, aux éditions NIL) demande aux auteurs d'écrire la lettre qu'ils n'ont jamais écrite.

Pia Petersen écrit à celui qu'elle a aimé, qu'elle aime encore, avec lequel elle n'a pu s'expliquer.

Leur histoire a d'abord été une liaison: il était marié. Elle explique combien cette période a été heureuse pour elle, combien elle acceptait la situation. Elle acceptait l'idée qu'il ne soit pas uniquement à elle, qu'il puisse l'aimer et aimer l'autre femme, que ce soient deux relations très différentes. Elle ne cherchait pas à faire en sorte qu'il quitte l'autre. Elle ne nie pas l'existence de la jalousie, mais se questionne aussi sur la légitimité de vouloir que l'autre nous appartienne.

Cette seule interrogation suffirait à rendre ce texte intéressant, d'autant qu'il est porté par un très beau style.

Mais Pia va plus loin.

Le mariage, c’est signer un contrat dans lequel il est stipulé qu’il ne faut plus jamais tomber amoureux de quelqu’un d’autre. Est-ce que l’on a si peur de perdre l’autre que l’on soit obligé de lui mettre un contrat autour du cou? Jamais je ne me suis imaginée t’enchaîner à moi par peur de te perdre. Pourquoi te contraindrais-je à rester avec moi si tu ne le veux pas? Je ne veux pas d’un homme qui resterait par devoir.

Combien en connaît-on, de ces couples, de ces gens malheureux qui restent par devoir, par souci des convenances? Par peur aussi, peur de la solitude, peur de se retrouver face à soi-même, d'avoir à s'interroger sur ce que l'on a fait de son existence...

La plus belle preuve d'amour, n'est-ce pas d'aimer l'autre tel qu'il est? Pia a profondément aimé cet homme, et c'est ce qu'elle tente de lui faire comprendre. La beauté de leur amour, dit-elle, résidait aussi dans leurs libertés respectives.

Elle tente de faire percevoir aussi combien sa propre Liberté lui est chère. Elle est une femme indépendante, un écrivain, qui aime la vie qu'elle s'est choisie, qui n'attend pas d'un homme qu'il l'aide à s'accomplir...

Malheureusement, son amant, qui pourtant est un homme intelligent, cultivé avec qui elle a eu de longues discussions passionnantes sur des sujets similaires, l'a demandée en mariage. Pia l'a quitté sur l'autel. Cette longue lettre, elle l'écrit aussi pour donner ses raisons, pour qu'il comprenne enfin que c'est par amour qu'elle est partie.

Dans cette lettre, Pia aborde aussi le sujet du regard de la société, des autres sur nos relations amoureuses. Et le fait que, dès que l'on sort des normes (que ce soit en vivant une relation adultère, par exemple, ou par le fait de choisir de ne pas avoir d'enfant), l'on est jugé, irrévocablement.

Toutes les femmes n’ont pas l’instinct maternel mais elles ont toutes une amie qui dit tu vas le regretter un jour.

Ces lignes sur le non désir de maternité m'ont profondément touchée. Je me suis sentie, enfin, comprise, comme jamais auparavant, sur ce sujet. Je suis vraiment reconnaissante à l'auteure. C'est rassénérant de lire une vraie réflexion sur le sujet.

Le féminin qui se revalorise par la mission de la maternité ne peut pas être un progrès.

Pia Petersen revendique simplement le fait que l'on puisse être heureuse sans avoir d'enfant, qu'on puisse désirer s'accomplir, s'épanouir, de façons différentes. Et souligne que c'est tellement évident que ça ne devrait PAS faire polémique.

Je me suis retrouvée dans ce texte. Il invite à une véritable réflexion, sur des questions qui nous touchent tous, sur ces normes qui nous enferment parfois, sur le poids de ce regard des autres dont on ne peut tout à fait s'affranchir, hélas.

C'est aussi une authentique lettre d'amour, très touchante.

Une magnifique découverte, j'en suis reconnaissante aussi à ma libraire, c'est elle qui m'a mis ce bijou entre les mains.