Pour l'amour de l'art

ZIBELINE
Février 2009

Aller jusqu’au bout pour trouver du nouveau, procéder à un long dérèglement de tous les sens pour extraire de ses propres profondeurs le minerai incandescent qui se transformera, dans les mains de l’artiste, en œuvre immortelle. Baudelaire et Rimbaud auraient sans doute compris cette démarche…

Au XIXe on fumait de l’opium, on cherchait dans l’acmé de plaisirs interdits des sensations nouvelles… Mais au XXIe siècle ? Que faire? Surtout dans une société extrêmement policée, à tous les sens du terme. La marge de dérèglement sensoriel de l’artiste devient très étroite. Puisque tout a été tenté, que reste-t-il comme liberté? C’est cette question qu’explore le roman de Pia Petersen.

Iouri est un vrai artiste, un de ceux qui vivent pour créer, dont la vie même est une pure création, aux dires de sa compagne, totalement fascinée par le monstre sacré qu’est son amant. C’est elle qui dévoile lentement, comme dans une enquête policière, le mystère de la création. Elle observe le petit monde de l’art contemporain d’un regard admiratif: l’idée de vivre dans le milieu artistique me plaît, c’est comme d’être dans une perpétuelle foire aux monstres et c’est étrange et magique. et parfois malicieux: « c’est une grande personnalité dans le monde de l’art et chaque minute qu’elle consacre à quelqu’un compte. Mais elle se laisse lentement envahir par la folie de l’artiste. Au point de la justifier et de la soutenir là où lui-même aurait peut-être attendu un garde-fou…